THIERRY GAHINET - LA VIE EN CHANSONS

mardi 28 mars 2006

MARIPAOL DAVIAUD

L'association "Chant Libre-Kan Digor" réunit donc des talents, des envies. Maripaol s'est lancée dans la peinture dernièrement. Je trouve sa démarche exemplaire, dans le sens ou le désir de créer a rejoint un talent sans doute enfoui. Je ne peux que vous confier le texte des "chanteurs de l'ombre" de Jean Rio que je chante avec autant de conviction qu'à sa création.

Six mille fois ils nous dérangent
Ces baladins ces troubadours
Ces hommes avares de discours
Ces lutins au regard étrange
Leurs mots frappés au vitriol
Chargés d'amour ou de déprime
Aujourd'hui prendront leur envol
Sur votre terre et votre rythme

R.E.F.R.A.I.N
Un jour se lèveront
Les chanteurs de l'ombre
Venus on ne sait d'où
Venus on ne sait d'où
Et nous embarquerons
Sur leurs guitares sombres
Vent arrière vent debout
Vent arrière et vent debout
CD « Un instant velours »
(Peinture de Maripaol Daviaud : Le guitariste)

dimanche 26 mars 2006

JACKIE ROUMAGNAC

Jackie a pris son passeport pour l'aventure de la chanson depuis peu. Elle court maintenant après le temps perdu en arpentant les chemins buissonniers de la chanson. Premier objectif : un CD réalisé dans un studio toulousain et ce besoin irrésistible de faire partager les chansons à un public.
Une voix signée délicatement en marge de la classique variété, jackie Roumagnac est une mélodiste, celle de la pire espèce, une mélodiste dont les musiques se retiennent et vous tenaillent la mémoire. C'est une compositrice de talent qui s'imprègne totalement du texte.
Nous travaillons à distance par la magie de l'internet, et pour moi c'est une grande première. Je lui envoie les textes et jackie me peaufine les musiques qu'elle me renvoie par courriel
Elle sait venir à elle les spectateurs, sans artifice, avec sa seule présence. Elle allie deux qualités essentielles pour une artiste : la sincérité et le dynamisme. Si vous y ajoutez un grain de folie, vous avez là la graine d'une fleur nouvelle.
J'ai mon passeport pour l'aventure
Et je prends mon destin en main
Je mettrai ma plus grosse armure
Pour résister jusqu'à la fin
Car je veux parcourir les routes
Aller au bout de ma passion
Pour réussir coûte que coûte
A faire vivre mes émotions

Je l'ai longtemps cherché
Ma route mon chemin
Si la vie m'a contrée
Si elle m'a mis un frein
Je laisse tout derrière
un vieux passé lourd à porter
Et je pars en aventurière
Sans chercher à me retourner
(Photo : Jackie Roumagnac en studio en janvier 2007)










vendredi 24 mars 2006

GKR : GAHINET - KERNE - RIO

SUR LES ROUTES
Nous nous sommes rencontrés tous les trois aux artistes travailleurs de Bretagne. A l'initiative heureuse de Jean Rio, nous avons donc réalisé le 33 centimètres "Nos horizons, s'il faut les peindre". Puis dans la foulée, nous nous sommes lancés dans une foule de concerts, spectacles ensemble.
L'avantage de la formule consiste à mieux appréhender le public. Il est difficile pour un artiste de ne pas lasser l'assistance. Un tour de chant de 1h 30 connait des phases moins réceptives. C'est comme une course de fond : il faut tenir le bon rythme sur la durée. Seuls les compétiteurs de haut niveau et avec beaucoup de métier maîtrisent la manoeuvre.

A plusieurs, on peut se relayer, changer de style, d'univers, quitter l'un pour retrouver l'autre. L'exercice devient plus facile et plus plaisant. On peut aussi se retrouver pour interpréter ensemble une chanson, un poème. On peut apporter des idées sur la mise en scène.

Nous avons donc, pendant quelques années, élaboré ce spectacle commun, spectacle à trois voix avec des univers pourtant différents, alliant la chanson souvent militante de Mikael à mon univers maritime et de voyages, en passant par les textes drôles de Jean.

Nous avions toujours un feu d'artifice final avec "les chanteurs de l'ombre" et "l'estaca" et plus tard les "poètes assassinés" d'Henri Gougaud.

Nous avons accueilli, par la suite, un autre diseur en la personne de Kristian Le Thuaut.


(Photo : caricature de Nono, le célèbre humoriste breton)

jeudi 16 mars 2006

LAURENT SEGALEN

Sur la station FM locale, Thierry Gahinet interprète une de ses dernières complaintes, juste après une chanson très dynamique des "Ours du Scorff".
"Ce n'est pas aussi énergique que Dire Straits mais pour la route, c'est sympa" se dit Gérard en suivant les panneaux directionnels au fil des rues.
Ce passage est tiré du roman policier de Laurent Segalen "Généalogie mortelle à Quimper".
Quelle ne fût pas ma surprise de me découvrir sur les ondes dans cette sombre affaire de cousinades à Plergué.
Depuis cette brêve apparition dans son pollar, nous nous sommes rencontrés à l'occasion d'une signature à Quimper.
je ne peux que vous recommander de plonger dans l'univers de Gaétan Letrusel, le détective cher au léonard Laurent Segalen. Ces énigmes sont toujours bien ficelées.
A son actif, deux autres romans "Crédit fric à Brest" et "Meurtre d'un léonard".
(Photo: Thierry Gahinet et Laurent Segalen à Quimper en décembre 2006)

mercredi 15 mars 2006

JOELLE MANDART

Joelle est aussi une infatigable défricheuse de talents. Avec Armel, son mari musicien et auteur, elle anime des ateliers théâtre dans le pays d'Auray et bien au delà parfois. Elle dirige et anime la maison d'édition "Les Mandarines. Elle publie donc les oeuvres théâtrales d'Armel et de quelques autres auteurs. Armel écrit notamment des pièces pour le jeune théâtre. Joelle déploie alors son réseau dans les écoles et autres lieux de scène vivante.
La voici maintenant sur un projet qui lui tient à coeur : éditer le livret "Petite poucette" d'Armel en langue bretonne. Que cela ne tienne, Mona Ar Beg fera la traduction et bientôt nous verrons les enfants des écoles bilingues et autres diwan, interpréter "Gwir istor ar c'habellig ruz" ou "Meudigezhig".
AN DIBUNER

Ur wech e oa ur plac’hig koant. Hini goantañ bet biskoazh. He mamm a oa sot ganti hag he mam-gozh gwashoc’h c’hoazh ! Ar vaouezh-se (ar gebenn-se) a lakaas d’ober ur c’habell ruz a zeree ken mat dezhi ma oe anvet kabellig ruz gant an holl. Met selaou’ta !...

AR VAMM

Kerzh da welout penaos e ia an traoù gant mamm-gozh. Sanset (hervezh) eo klañv. Kas dezhi ur galetezenn hag ur podig amann.

KABELLIG-RUZ

Ya mamm.
extraits de gwir istor ar c'habellig ruz
(Photo : Joelle Mandart)

dimanche 12 mars 2006

DOM LE GUICHAOUA


PASSEUR D'EMOTIONS

Je travaille avec Dominique Le Guichaoua depuis 1980. Il m'accompagne encore à l'accordéon diatonique. Le Chromatique est préféré au diatonique pour ornementer une chanson. Mais je peux vous dire que Dominique sait tirer toute la grâce de cet instrument pour donner des frissons à une chanson. C'est avant tout un homme de la musique traditionnelle, joueur de biniou koz. Mais c'est aussi un amoureux de la chanson et de la musique en général.
Avec son souci de la précision, il arpente l'histoire d'une chanson en ajoutant des touches subtiles à la flute, l'accordéon, voir avec d'autres sonorités. Il arrive à donner à une chanson une couleur différente de sa couleur d'origine.

Journaliste à "Trad Mag", il connait mieux que personne le terroir artistique breton.

J'avais omis de vous dire qu'il est l'un des animateurs du groupe "Dremmwel".


(Photo : Dominique Le Guichaoua )

KRISTIAN LE THUAUT

C'est un poète à la voix douce et profonde, à la voix apaisante presque thérapeutique. Kristian a vraiment le talent de dire. La force des mots se déversent avec lui sur des rives caressées. Xavier Grall devient si proche par sa voix que nous retrouvons les chemins de Kerdruc et de Roz Glas. Il nous fait percevoir, par son talent de comédien, les bonheurs cachés des poèmes d'André Daviaud, au détour de la tourelle d'une grande bâtisse.
Mais c'est aussi un poète qui écrit, non seulement du poème mais du texte de chansons. Et avec quel bonheur. Il a donné au groupe "Douar Mor" trois beaux titres, dont celui du marin de Lesconil qui a la couleur des Langoustines (j'aurais aimé trouver l'image). Pour ma part, j'en ai également trois à mon terrain de chasse dont de "Tlemsen à Blida".
Nul doute, Cet homme là a encore bien des mots à nous donner, avec sa simplicité complice et contagieuse.
Toi l’enseignante qui a péri
Pour avoir dit « je ne veux pas
Qu’elles soient enfermées nos filles
Toute la vie dans des casbahs »
Je te salue dans mon bonheur
Que j’aimerais tant partager
Le droit d’écrire pour toi ma soeur
Le droit de dire et de chanter

R.E.F.R.A.I.N
Ton âme jazze en Algérie
La la la la
Tu es mon chant tu es mon cri
Depuis Tlemcen jusqu’à Blida
(Photo : Avec Kristian, tous les deux auteurs d'une chanson sur le cd "Digabestr" de Douar Mor)

vendredi 10 mars 2006

ALAIN CADET

Alain Cadet est un ami, peintre, adhérent de l'association "Chant libre kan Digor". Sa sensiblité se ressent fortement dans les couleurs de ses toiles. Ici les gris poussent les ocres et les verts sur les bords du cadre. C'est un peintre du paysage, comme d'autres le sont du portrait. Il incite le visiteur à laisser grincer un peu plus encore la porte d'une maison, à s'attarder sur la margelle d'un puits de son vannetais de pays.
Il faut s'attarder sur sa peinture et se laisser aller dans un fouillis d'émotions. Nul besoin de guide. Seule votre imagination.
(Toile d'Alain Cadet)

jeudi 9 mars 2006

MARYVONNE LE THUAUT

Voici bien une artiste méconnue qui ne mesure pas encore la force de son art. Maryvonne peint la mer et la Bretagne sur ces cahiers en noir et blanc. Elle choisit dans ses toiles des couleurs apaisantes. Elle témoigne de son appétit gourmand pour sa terre par un trait sûr et appuyé.
Son dessin évoque déjà le suivant, comme si elle ne pouvait figer en une seule fois la beauté du lieu, la magie du ciel. Chaque groupe de rochers épuisent l'élan du crayon dans un rendez vous trop bref. Il lui faut alors revenir encore et encore sur la myriade des bateaux bigoudens, sur les arbres tourmentés par les assauts répétés du vent et du sel.
Elle nous donne ainsi, à nous les regards sur la toile, la certitude de notre attachement à ces paysages. Il nous reste encore à deviner, derrière la première impression, la multitude des sentiments plus secrets lovés dans l'immensité des mers.
(Rivière : toile de Maryvonne Le Thuaut)

GERARD CLASSE

Gérard Classe, infatigable voyageur de la chanson, dénicheur de nouveaux talents, journaliste aux textes passionnés, cycliste des cols et des ravins. Cet homme va jusqu'au bout de ses engagements. Pour Danielle Messia, il produira deux CD posthumes, au mépris souvent des grandes lois du métier. Il s'est donné une mission : celle de faire vivre Danielle et ses chansons encore et toujours. Alors, le bougre ne rechigne, ni sur son temps, ni sur les moyens.
J'ai commis deux chansons avec Gérard dont celle-ci que j'ai enregistré sur le CD "Farandole". Son titre est tout simplement : "Si je t'écris".
Puis les années du sablier
Qui pour nous dire la brisée
De nos vingt ans
Appelleront la main criante
Un ciel tout bleu et
Nos tourments en talisman
Puis porteront vers le soleil
L’inachevé de nos merveilles
Aveuglement
Si je t’écris en plein brouillard
Ma lettre aux flammes
De ces phares
Qui tournent tant.

CD « Farandole »
(Photo : Gérard lors de l'enregistrement des choeurs du CD live de Danielle Messia)

mercredi 8 mars 2006

A DEUX VOIX

Chanter à plusieurs voix donne à certaines chansons une ampleur, plus de vent dans les voiles. Personnellement, j'aime cette profondeur des voix ensemble, dans la reprise d'un refrain ou d'un contrechant derrière un texte. C'est comme rajouter une nouvelle couleur, un nouvel instrument. La chanson, c'est comme la peinture : il faut trouver les beaux mélanges, la sobriété, la plénitude dans les arrangements.
Encore faut-il trouver la ou les voix qui s'unissent à la tienne. Je les ai trouvées avec Jacques Portal, Michelle Padellec ou Jackie Roumagnac et c'est à chaque fois un plaisir nouveau. Il ne faut pas chercher pour chercher car elles viennent à toi de manière naturelle.
Et puis, il y a les duos qui consistent à se répondre, se rejoindre à un rendez-vous du texte, à se séparer à nouveau. Ce n'est pas plus difficile mais c'est une autre façon d'aborder la lecture de la chanson. Il y a aussi les duos texte-chanson, le doux mélange d'un texte dit et d'un texte chanté, par la même voix, par plusieurs voix. La palette des couleurs est infinie comme les mélodies des chansons.
(Photo : Michelle Padellec et Thierry Gahinet)

MICHELLE PADELLEC

Michelle, c'est une longue histoire. On a chanté ensemble, adolescents, dans les kermesses à Locmiquélic.
Et on s'est perdu de vue. Il faut vous dire qu'elle s'en est allée vivre au Vénézuéla, où elle a fait une belle carrière de chanteuse francophone.
Là revoilà à Paris et par la magie de la toile, nous avons repris contact.
C'est une chanteuse de caractère qui bouge langoureusement, qui chante avec un sourire radieux. Son CD est un mélange étonnant de chansons de Besson, Capart, Stivell sur des arrangements latinos.
Perfectionniste, elle a l'art et la manière de poser sa voix sur ses propres textes ou de s'approprier des chansons faites pour elle.
Michelle, vous l'aviez compris, c'est une énergie renouvelable.
(Photo : Michelle Padellec en concert à Ergué-Gabéric en juin 2006)

MIKAEL KERNE

La première fois, je l'ai écouté au cabaret de Kloz en Douet, sans encore le connaitre, vraiment impressionné par cette voix chaude, ample, puissante. Puis il est venu me rencontrer à une soirée au foyer du jeune travailleur de Lorient pour m'embarquer dans l'aventure des artistes travailleurs de Bretagne. Toujours militant, Il rayonnait une certaine force apaisée. Puis ce fut le disque commun "Nos horizons" et les spectacles collectifs.
En plus d'une voix remarquable, Mikael est un mélodiste, capable de taquiner le blues et le swing. Sa technique de guitare si personnelle lui permet toutes les dépaysements musicaux.
Il est sans doute le premier à avoir mélangé le breton et le français dans ses chansons, quand ce n'est pas l'anglais.
Et puis quel contact avec le public ! Les spectateurs ressentaient une telle proximité immédiate qu'ils en redemandaient encore et encore.
Mikael, militant de la langue bretonne, poussait toujours le public dans ses retranchements. Il est des chansons comme des monuments : je citerai ici la magnifique révolte des bonnets rouges qu'il n'a toujours pas enregistré sur cd ; les incontournables "Pa gan ar Bobl" et "Derrière chez moi" ; sans oublier le "tan ha dour" repris par Dremmwel.
Et puis cachées au fond de sa mémoire, des chansons plus secrètes comme "je suis un vieux fou", "vivre" ou encore "ma fille".
A vrai dire, Mikael est tellement présent dans nos mémoires, nous ses amis de clavier, tous ces ferrailleurs du verbe et du geste, que nous avons toujours une chanson de Mikael qui traine, qui revient réveiller nos rêves assoupis.
Vous avez compris que j'ai pour ce troubadour sans âge une éternelle admiration. Pour ce chanteur de l'ombre, nous réveillerons les fontaines.
( Mikael chante ne février 2006)

vendredi 3 mars 2006

JEAN RIO

LE PASSEUR DE POESIE
Inlassable passeur de poésie, même auprès de Jean Paul, deuxième du nom, Jean vous donne la passion des mots. Allez voir ce poète dans un cabaret chaleureux. Il met en scène René de Obaldia, l'abbé Lattaignant et fait rire son public.
"Le mot et la chose", "Vespasien", "Vin non compris"....... Jean est un acteur qui s'ignore. C'est un homme de café thèâtre, qui aime le comique de situation autant que les gens qui l'écoutent.
Ne le cantonnons pas dans ce registre où il excelle, c'est un poète aux mots tranchés dans le vif de la vie.
Voici un texte court, pour vous permettre de saisir au passage un peu de son humour.

Tout homme
qui rentre dans un bar
est suspect
Quand la poésie
est son alibi
Il n'en ressort
jamais blanchi

(Photo : On ne saura jamais ce que Jean a confié à Jean Paul 2)