THIERRY GAHINET - LA VIE EN CHANSONS

mercredi 2 août 2006

GLENMOR

Il avait de la terre les aspérités des cailloux des champs. Ce chanteur, aux allures de grand séminariste, arranguait les parterres avec les flammes de mots sentinelles. Grand seigneur des feux du printemps, il arpentait les landes et les lieux dits pour réveiller simplement la fierté d'être breton.
Katell déroulait un poème de Grall pour adoucir le fracas de sa voix. Sa voix, puissante et altière, poussait les murs des maisons bourgeoises. La jeunesse se ralliait à son chant. Il nous donnait rendez-vous avec notre mémoire collective, si longtemps repoussée dans un abime de certitudes et de contradictions.
Je l'ai entendu la première fois en 1963, un dimanche après midi, dans ce juvénat de Kérozer. Comment avait il trouvé ce contrat ? Nous vivions carrément en autarcie dans notre pensionnat.
Ce fut mon premier choc avec la chanson. Je l'entends encore clamer sur l'estrade de notre salle d'études "les grands, les gros, les gras sont du voyage" ou encore "Du fond de ma prison, je crois en la joie qui vient de la terre". Je l'ai revu maintes fois par la suite. J'ai partagé la scène avec l'artiste.
Et je me souviens de cette journée chez lui à Glomel où André Georges Hamon avait réuni tous les artistes chanteuses et chanteurs bretons. Merci à toi, Milig, d'avoir ouvert les portes de la nuit et d'avoir osé chanter tout simplement.
(Photo : Avec Katell et Guy Monfaur, photo prise par Mona Ar beg à Glomel lors d'une rencontre du collectif Chanson Bretagne en 1983)